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Publié le 06/03/2023 à 13h28

Exposition "Voyage Intérieur" par Patrick Blanchon - Du 3 juin au 28 juin 2023

Patrick Blanchon l Voyage Intérieur
Patrick Blanchon l Voyage Intérieur

Venez découvrir les créations de Patrick Blanchon lors de l'exposition Voyage Intérieur

📅 Du 3 juin au 28 juin 2023
⏲️ Du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 et de 17h à 19h
      Le samedi de 10h30 à 12h30
📍 Hôtel Malmazet, 33 Grand rue Villeneuve-de-Berg

Entrée libre 
Le vernissage aura lieu le vendredi 2 juin à 18h. On vous y attend nombreux.ses ! 


Présentation de l'exposition - Les mots de Patrick Blanchon :

C’est un voyage commencé par un homme inconnu, mon grand-père parti d’Estonie en 1917 pour rejoindre la France où il deviendra peintre de décors de cinéma, aux studios d’Épinay sur Seine. Un homme que je n’ai pas connu mais qui prend une place importante dans mon imagination d’enfant. On raconte dans mon enfance que de nombreux artistes affamés estoniens et d’ailleurs, à l’époque du Montparnasse se réunissent chez ce grand-père qui tient table ouverte à leur égard. Ce voyage est poursuivi par ma mère qui sera peintre également mais qui, malgré sa maîtrise, n’osera pas sortir de son atelier, et préféra se cantonner à son rôle de maitresse de maison pour ne pas dire de ménagère.

Ce voyage je le poursuis à mon tour au travers la peinture depuis plus de cinquante ans désormais. C’est une histoire d’exil, un héritage, une dette à rembourser aussi si l’on veut. Cela m’a tenu durant des années, c’était un moteur qui était là pourtant et auquel je ne faisais pas attention. Dans mon esprit j’ai toujours été français. Et puis un jour j’ai éprouvé la nécessité du dépaysement. C’était plus fort que tout il fallait que je parte moi aussi. Grâce au prétexte de la photographie j’ai voyagé dans des pays en guerre et j’ai pu savoir ce qu’était cette sensation de dépaysement. En travaillant dans de nombreux métiers manuels et intellectuels j’ai aussi éprouvé cette même sensation à chaque fois lorsque soudain c’était alors encore possible-je changeais de métier.


Et puis j’ai dessiné et peint depuis l’enfance en n’en faisant toujours qu’à ma guise, même après avoir fréquenté les Beaux-Arts à Paris, je me suis toujours considéré comme un autodidacte. J’ai toujours voulu conserver l’esprit d’un débutant parce qu’il y a bien plus de place, de possibles que dans celui d’un expert. L’expertise me fait peur elle a souvent des œillères. Les touristes aussi me font peur car ils comparent souvent ce qui n’a pas pour vocation de l’être. J’ai donc voyagé dans la peinture, j’ai effectué un voyage intérieur pour aller à la rencontre d’une identité qui ne s’appuyait pas uniquement sur l’identique, sur la répétition du même. Il est étonnant que l’on demande à de jeunes peintres pour exposer dans les galeries leur démarche artistique. La démarche artistique est aussi une sorte de voyage intérieur, elle prend du temps, une vie entière parfois et comme pour un tableau il faut prendre pouvoir prendre du recul pour comprendre une œuvre tout entière. Pour capter ce qu’elle veut exprimer. Sans s’égarer sans divaguer.
 

Lorsque j’étais plus jeune je lisais de gros livres écris par des gens qui ne peignaient pas sur les peintres et leurs œuvres. Je lisais et j’éprouvais souvent un malaise. De quoi parlaient ils vraiment ces gens ? J’avais cette sensation qu’ils parlaient toujours d’autre chose que de peinture. Ce qui m’a entrainé à examiner les discours plus attentivement, les miens aussi bien sur. Au final que reste t’il de ce voyage effectué ? Quelques tableaux, des tâches de couleur sur du tissus, c’est à la fois peu et beaucoup lorsque j’y pense. Cela ressemble à ces mots que l’on utilise machinalement sans prendre la peine de lire leur définition, mieux : d’imaginer une définition personnelle à ceux-ci. Il n’y a rien de plus étrange qu’un mot qui surgit soudain de l’habitude pour apparaitre comme un étranger. Il n’y a rien de plus excitant de voir un tableau surgir soudain débarrasser de tous les clichés qui nous aveuglent pour ne pas le regarder. Cela demande de la patience de détourner l’œil de l’extraordinaire pour l’orienter vers la banalité et transmuter celle-ci en quelque chose d’insolite. La banalité qui souvent devient plus extraordinaire que l’extraordinaire.

C’est aussi cela que m’apporte la peinture, une qualité de silence, de justesse et de clarté. C’est tout simple au bout du compte, malgré toute la difficulté imaginée pour pouvoir l’approcher. Il faut juste mettre un pas devant l’autre et avancer sans trop s’interroger en faisant confiance à ce que l’on est réellement. C’est ce que j’enseigne dans mes cours, il faut juste oser. Oser rater, oser de se tromper. Oser peindre. La technique, bien qu’elle soit nécessaire parce qu’elle rassure en grande partie, s’arrête là ou commence réellement la créativité. Et la créativité n’est jamais totalement gratuite. Être créatif c’est être en quête d’une solution plus ou moins élégante pour résoudre une difficulté, en peinture comme dans le reste.

 

Filigrame Villeneuve-de-Berg